Intervention SIC – CEO Infrabel – I-TO Charge psychosociale dans les cabines de signalisation

Monsieur Benoît Gilson
Administrateur délégué Infrabel
Place Marcel Broodthaers 2 b 1060 BRUXELLES

Bruxelles, le 07 juin 2021

Monsieur l’Administrateur délégué,

Depuis plusieurs années, nous intervenons à tous les niveaux pour dénoncer des situations où des agents occupés dans les cabines de signalisation subissent un charge psychosociale liée à leurs tâches. Nous avons l’impression que les différentes autorités ne mesurent pas l’ampleur de la situation dégradée dans les postes de signalisation et que la recherche de la productivité reste leur maître-mot.

Dans ce cadre, nous tenons à vous présenter, par ce courrier, les différents points que nous jugeons interpellants pour le bien-être des agents mais aussi contraires aux dispositions légales du Code du bien-être au travail.

  • Prestations supprimées :

Suite à un manque de personnel, des prestations sont régulièrement supprimées et la charge de travail est transférée vers d’autres postes, ceci en contradiction avec les règles régissant le bien-être au travail.

Il est évident que de telles situations, sources de stress, sont un vecteur de potentielles erreurs/fautes sur la régularité et la sécurité des circulations sans oublier les conséquences néfastes sur la santé du travailleur. I-TO et ce compris ses conseillers en prévention n’apportent pas de solution pérenne sur ce point précis. D’ailleurs, aucune analyse de risques à ce sujet n’a été mise en œuvre.

Nous tenons également à souligner que des annotations régulières aux TMR sur la fusion de postes ne font l’objet d’aucune suite vers leurs rédacteurs. Pourtant dans un courrier du Director I-TMS, daté du 20/01/2017, concernant notre courrier sur l’absence d’analyse de risques dynamique, Madame Billiau nous indiquait « que la gestion dynamique des risques est bien une réalité au quotidien et que la charge de travail est évaluée en permanence par des observations de la ligne hiérarchique (Traffic Officers présents en 3×8, formateurs, services de support) et par notre service de prévention ».

Les réponses apportées à nos diverses interventions par les autorités sont toujours les mêmes depuis des années : des agents sont en cours de formation et des recrutements sont prévus.

  • Formation continue – Modules online :

La formation continue repose sur deux piliers : la formation online et les exercices pratiques.

Les exercices pratiques sont limités à un maximum de 2 jours par an.

Pour les formations online, la consigne « formation continue » prévoit des séances de formation théoriquement illimitées. Si on se réfère au plan FLEX4ME, il s’agit de 5 jours de formation par an, sans autre explication.

Selon les autorités, les modules online doivent se dérouler « pendant les heures de prestation habituelles de l’agent, aux moments où sa charge de travail le lui permet. Aucune prestation spécifique ne doit lui être attribuée pour l’occasion. L’agent choisit judicieusement le moment opportun de sorte que la formation ne le distraie pas de ses tâches opérationnelles ou, le cas échéant, qu’elle ne l’empêche pas de les accomplir si besoin ».

Sauf erreur de notre part, un agent de cabine quelle que soit sa fonction, doit être vigilant à tout instant afin d’assurer la sécurité et la régularité des circulations. Quid en cas de danger / de situation anormale qui requièrent une action immédiate ?

La seule réponse est : qu’il n’y a pas de moment opportun à choisir pour suivre la formation online. De nouveau, il faut transférer le poste vers un autre collègue.

A ce stade, nous n’avons pas vu d’analyse de risques sur ces formations online !

  • Pauses pour travail sur écran de visualisation :

Depuis la desserte digitale des cabines de signalisation, des pauses sont accordées pendant les prestations … aux moments opportuns. La mise en œuvre de ces pauses est réglée par le dirigeant de cabine, en général le Traffic Officer et la charge de travail est de nouveau transférée.

Bien qu’annoncée à plusieurs reprises, la mise en place d’un service « papillon » n’est plus à l’ordre du jour depuis la mise « au frigo » des prestations de 12h00 proposée par la direction I-TO dans son plan FLEX4ME.

Autant dire que l’exploitation du registre de sécurité par le personnel de cabine n’a pas été simple ces derniers mois : perte de données, pas d’accessibilité en continu, manque d’information sur le lien informatique, etc.

Depuis peu, l’application du registre de sécurité a été changée. Nous avons constaté que les données introduites du 19/11/2019 au 24/05/2021 avaient disparu ? De plus, l’accès au registre est uniquement en néerlandais.

Selon la page 4 du document explicatif du nouveau registre de sécurité, tout manquement peut être signalé de manière anonyme. Après avoir consulté ce registre, nous avons constaté que pour les annotations anonymes, il suffit de cliquer sur l’œil pour avoir l’username de l’agent, donc l’anonymat devient public !

De ce fait, la majorité des agents ne veut pas inscrire un manquement (par exemple : une charge psychosociale due à une surcharge de travail) qui pourrait incriminer la hiérarchie I-TO et qui, selon les propos des travailleurs, serait susceptible de représailles.

Le personnel de cabine se demande quel est leur pouvoir d’actions pour les situations dénoncées ci-avant. Selon les PV des différents comités, c’est en général l’employeur qui apporte les réponses à ces points soulevés par les organisations syndicales.

Nous sommes aussi interpellés par une information reprise au point 1.5.1 de ladite circulaire :

Détermination des besoins en personnel pour les activités des Areas :

En commun accord avec le bureau I-TO.161, il (NDLR : l’AREA Manager) déterminera son cadre fonctionnel, suivant le principe économico technique c.à.d. viser une production maximale avec le minimum de moyens.

Nous pensons que certaines (non-)décisions que nous dénonçons ne sont pas étrangères à cet objectif.

En octobre 2020, suite à une situation problématique due à de multiples concentrations de postes dans le district-SE, nous avions alerté Monsieur Boydens par courrier : Sauf erreur de notre part, les analyses de risques n’ont pas été réévaluées dans le cadre de cette augmentation de la charge de travail d’où un non-respect des dispositions du code du bien-être au travail, notamment celles du Livre 1er Titre 3.  En ce qui concerne la charge psychosociale, nous nous réservons le droit d’interroger l’inspection sociale sur cette situation et le SSICF sur le volet sécurité.

Apparemment, le message n’est pas passé !

Manifestement, la digitalisation et la concentration des cabines n’ont pas apporté de soulagement dans la charge de travail comme annoncé dans les différents roadshows I-TMS, bien au contraire.

Nous soutenons que les prescriptions du code du bien-être au travail ne sont pas respectées ou interprétées erronément. L’enquête Feel Good qui fera office d’analyse de risques psychosociale arrivera trop tard car les actions seront seulement mises en œuvre début 2022 alors que la charge psychosociale dans les cabines est présente et dénoncée depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, bon nombre d’agents sont beaucoup plus stressés qu’auparavant pour les raisons évoquées ci-avant (l’objet de ce courrier vise l’ensemble du personnel des cabines) ; certains sont partis prématurément et pour d’autres, le décrochage est proche.

Voudriez-vous analyser ce courrier et nous apporter vos conclusions pour tous ces points qui interpellent au quotidien le personnel de cabine ?

Nous vous en remercions d’avance.

Veuillez agréer, Monsieur l’Administrateur délégué, nos salutations distinguées.

Au nom du SIC,

Luc MICHEL Président

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